Décryptage la décision controversée de la Fédération internationale d’escrime, sous influence russe, de disqualifier l’escrimeuse ukrainienne Olga Kharlan après son refus de serrer la main de la la russe Anna Smirnova.
La sabreuse ukrainienne Olga Kharlan🇺🇦 a été disqualifiée ce jeudi 27 juillet lors des Mondiaux🤺 par la Fédération internationale d’escrime. Elle a refusé, après sa victoire, de serrer la main de son adversaire russe Anna Smirnova.
Une décision éminemment politique.

Olga Kharlan est en effet la 1ère représentante sportive de son pays, hors tennis, à affronter une Russe depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022.
Suite au début de cette guerre, le Comité International Olympique (CIO) a pris une décision forte le 28 fev. 2022.
Il a recommandé aux fédérations internationales sportives d’exclure de leurs compétitions les athlètes, équipes et représentants officiels russes et biélorusses.
Ces décisions rapides et presque unanimes du mouvement sportif visaient à isoler la Russie sur la scène internationale pour mettre fin à la guerre.
Et faire pression sur Vladimir Poutine, en le privant d’un levier sportif qu’il n’a pas hésité à instrumentaliser par le passé.

1 an après le début du conflit, la question de l’éventuelle réintégration des sportifs russes & biélorusses s’est posée.
Notamment à l’approche des des Jeux Olympiques 2024 à Paris, et des phases de qualifications des athlètes.
Le CIO a notamment été pressé de préciser sa position début 2023. Le Conseil olympique d’Asie a annoncé vouloir intégrer de nouveau les athlètes 🇷🇺🇧🇾, sous bannière neutre. Les 54 comités olympiques africains ont rejoint à l’unanimité cette position le 4 mars dernier.

Des prises de position qui prolongent les évolutions géopolitique. Avec une influence plus importante de la Russie en Afrique & en Asie, et aussi, pour certains pays, le retour d’une forme de « non-alignement » autour de la guerre en Ukraine.
Des fédérations internationales ont aussi devancé la réaction du CIO. Le 10 mars dernier, la Fédération internationale d’escrime 🤺 a été la 1ère instance sportive internationale olympique à se prononcer pour la réintégration des athlètes russes et biélorusses.
À noter que la Russie a une forte influence en escrime. C’était la meilleure nation au tableau des médailles des JO de Tokyo 2021 dans cette discipline. Le russe Alicher Ousmanov, proche de Poutine, a été également le président de cette Fédération de 2008 jusqu’en 2022.

Le CIO réagit le 28 mars 2023 et recommande la réintégration des sportifs sous certaines conditions :
– sous bannière neutre
– uniquement à titre individuel
– pas de soutien à la guerre, pas de contrat avec l’armée
– satisfaire aux exigences anti-dopage
Depuis, plusieurs fédérations internationales ont suivi les recommandations du CIO et mis en place les conditions pour cette réintégration.
La situation reste néanmoins tendue, compte tenu de l’intensité toujours forte du conflit russo-ukrainien. Cela a été illustré les nombreuses oppositions du tournoi de Roland Garros, notamment entre Svitolina 🇺🇦 et Sabalenka 🇧🇾
L’Ukraine, qui avait interdit à ses équipes nationales de participer aux mêmes compétitions que les russes, a récemment assoupli sa position pour permettre à ses athlètes de se qualifier pour les JO et de porter haut leurs couleurs ukr. 🇺🇦
Le match a bien eu lieu et Kharlan l’a emporté. Elle a alors tendu sa lame vers l’adversaire, comme une forme de salut, alors que la Russe a préféré s’avancer pour une poignée de main.
Kharlan a alors reçu un carton noir pour ce refus, synonyme de disqualification.

Une décision qui semble disciplinaire de la part de la FIE 🤺 Son règlement dispose que lorsque « la dernière touche a été portée », il faut « serrer la main de l’adversaire ». Ce qui n’a pourtant pas été le cas de Daniele Garozzo, qui a lui aussi de refuser la main de son adversaire durant ces Mondiaux.
Pourtant, la version de Kharlan est tout autre :
« Mon message aujourd’hui, c’est que nous, les athlètes ukrainiens, nous sommes prêts à affronter les Russes sur les terrains de sport ou sur les pistes, mais nous ne leur serrerons jamais la main.
Ils ne nous forceront jamais à la paix. »

La décision controversée de la FIE témoigne du jeu politique qui anime le mouvement sportif mondial, avec des sports plus ou moins influencés par la Russie. notamment en vu de réhabiliter la Russie et la Biélorussie pour une participation aux JO Paris 2024.
Le CIO a quant à lui joué une nouvelle fois la carte de la prudence et a appelé à faire preuve de « sensibilité » à l’égard des sportifs ukrainiens, pour ne brusquer aucun des 2 camps.
À l’approche des JO Paris 2024, le sport est plus que jamais un autre champ de bataille entre la Russie et l’Ukraine.
Kévin Veyssière