Coupe du monde des clubs 2025 : football mondial ou fatigue globale ?

Le 14 juin 2025, la FIFA inaugure une version élargie de la Coupe du monde des clubs, réunissant 32 équipes aux États-Unis. Officiellement pensée pour représenter la diversité du football mondial, cette édition soulève aussi des interrogations profondes : santé des joueurs, conflit avec l’UEFA, intérêts géopolitiques… Cette nouvelle compétition est-elle une avancée, ou une énième manifestation de l’hyper-mondialisation du football ?

Des racines anciennes, un format nouveau

L’idée d’un championnat mondial interclubs n’est pas nouvelle. Dès 1960, la Coupe Intercontinentale voyait s’affronter les vainqueurs de la Coupe d’Europe et de la Copa Libertadores. En 2000, la FIFA lance un premier format de Coupe du monde des clubs. Le tournoi actuel, officialisé en 2005 avec sept équipes, restait marginal dans le paysage footballistique mondial : peu lisible, souvent dominé par le champion d’Europe, et boudé par le grand public.

Avec son format à 32 équipes, la FIFA entend désormais proposer un véritable tournoi international sur un mois complet, avec 64 matchs et 125 millions de dollars promis au vainqueur.

Une réponse à l’hégémonie européenne

En lançant ce nouveau format, la FIFA cherche aussi à sortir de l’ombre de l’UEFA, dont la Ligue des champions reste la compétition la plus lucrative et la plus médiatique. Depuis 2017, Gianni Infantino multiplie les réformes : Coupe du monde à 48 équipes dès 2026, extension sur trois continents en 2030, et désormais une Coupe des clubs sous bannière FIFA.

Le message est clair : reprendre le contrôle des compétitions phares et renforcer le poids global de l’institution… au prix d’une inflation sportive qui inquiète.

Un tournoi très lucratif… et très saoudien

La FIFA promet une redistribution intégrale des revenus aux clubs, dans le cadre du programme “Football Solidarity”. Mais ce discours se heurte à une réalité financière plus complexe.

L’accord de diffusion signé avec DAZN, estimé à 1 milliard de dollars, est financé par des capitaux saoudiens, notamment via la société SURJ Sports Investment et le PIF, le fonds souverain du royaume. Quelques jours après l’officialisation de l’organisation de la Coupe du monde 2034 par l’Arabie saoudite, ce soutien n’a rien d’anodin. Il témoigne de la montée en puissance du pays dans la diplomatie sportive.

Une compétition sous tension

Ce nouveau Mondial est loin de faire l’unanimité. FIFPro, la PFA, l’UNFP et plusieurs ligues européennes ont saisi la justice européenne pour dénoncer un calendrier saturé et l’absence de concertation. Les menaces de grève planent toujours.

La FIFA se défend en affirmant que le tournoi respecte le calendrier international. Mais les critiques pointent l’épuisement physique des joueurs, l’absence de pause estivale, et l’impact sur la qualité du jeu.

Un mercato exceptionnel, un casse-tête sportif

Pour pallier les contrats arrivant à échéance fin juin, la FIFA a créé deux fenêtres exceptionnelles de transferts (1–10 juin, puis 27 juin–3 juillet). Cette mesure vise à garantir des effectifs complets, mais brouille la lisibilité sportive : certains joueurs peuvent changer de club… en plein tournoi.

Des tribunes clairsemées, un accueil mitigé

À quelques jours du coup d’envoi, le Hard Rock Stadium de Miami peine à se remplir. Les billets du match d’ouverture (Inter Miami vs Al Ahly) ont été bradés malgré la présence de Lionel Messi. Le public américain, peu réceptif hors MLS ou Copa América, reste difficile à convaincre.

Un test pour la FIFA… et pour Donald Trump

Ce tournoi constitue un test crucial pour la FIFA : réussir à imposer un format mondial, concurrencer l’UEFA et séduire sponsors et téléspectateurs. Mais c’est aussi un test politique.

À un an de la Coupe du monde 2026, Donald Trump entend démontrer que les États-Unis peuvent organiser un événement planétaire. Dans un climat politique tendu – notamment avec la Californie – le sport devient une vitrine de son autorité.

Une vitrine pour le football global ?

Certaines équipes comme 🇪🇬 Al Ahly, 🇯🇵 Urawa Reds ou 🇳🇿 Auckland City bénéficieront d’une visibilité mondiale rarement accessible. Une avancée symbolique pour les ligues périphériques, souvent éclipsées par l’Europe.

Mais cette globalisation du football soulève une autre question : à force de tout vouloir centraliser et standardiser, ne risque-t-on pas de tuer ce qui fait la richesse du football mondial ?

Le football mondialisé… jusqu’à l’excès ?

Ce “championnat du monde des clubs” est peut-être une avancée pour l’ouverture du jeu. Mais il s’ajoute à une liste toujours plus longue de compétitions, dans un calendrier surchargé, avec des joueurs à bout et un public en saturation.

Jusqu’où étirer les corps, les formats, et l’attention des fans ?
Ce tournoi sera-t-il une nouvelle ère pour le football global… ou la compétition de trop ?

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